Quand on vient de Paris, on s’habitue au bruit, au tumulte. La frénésie des passants pressés, la vindicte des klaxons agacés. Les roues, les moteurs, les freins, les sirènes. Les cris. La pollution s’immisce jusque dans nos oreilles. On apprend à entendre avec. On ne la remarque plus. Sauf par effet de contraste.
Ici on n’entend que la paresse d’un petit matin d’octobre. Rien que la musique d’un dimanche paresseux qui s’éveille. Le soleil donne en plein sur la terrasse familiale. Il y a ceux qui lisent le journal et ceux qui profitent de l’été qui s’attarde, les yeux fermés. J’apprécie la qualité du silence. Je m’étonne de la finesse des sons qui m’arrivent. Je me rends compte de tout ce que j’ai oublié d’écouter, depuis des années. J’arrive à distinguer les oiseaux par leur chant. Tourterelle, moineau, sansonnet, corbeau. Et tant d’autres que je ne reconnais pas. Un cliquetis métallique m’annonce le passage de cyclistes, leurs voix me font partager la complicité d’un père et de son fils, pendant les quelques secondes que dure leur passage le long du jardin. J’envie leur course dans les fraîcheurs d’automne, cette campagne qui se déploie sous leurs roues, ces coins de verdure dont ils s’emplissent les yeux pour mieux commencer la semaine. Au loin un clocher de village égrène les onze coups qui nous rapprochent de midi. J’imagine une place, une fontaine, des arbres dorés. Une agitation douce annonce le déjeuner dominical, des passants les bras chargés de pain, les voisins se saluent. Le temps flâne et s’étire dans les parfums de rôtis, de blanquette, de filets mignons. Octobre frissonne derrière un nuage et je me demande ce que je fous à Paris.
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